Par Léo Bérenger Allié
Dans son dernier bilan de la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale entre 2013 et 2021 au Québec, le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité Sociale conclue que « l’emploi demeure le moyen le plus efficace pour lutter contre l’exclusion économique » (p.23).
Mais si le travail devrait permettre de sortir de la pauvreté, la précarisation du marché du travail actuel est principalement payée par les personnes qui travaillent : « parce que c'est la course au travail pour les plus pauvres parce que les gens se veulent du travail, mais en fin de compte, les gens se rendent compte que leur santé est fragile. » Et à cause des salaires bas et des conditions de travail qui se dégradent, l’emploi ne permet pas toujours de sortir de la pauvreté : « quand le salaire d'un emploi à temps plein qui prend le plus gros de ton énergie est pas suffisant pour que le soir, tu puisses avoir assez à manger, avoir un appartement qui a de l'allure, à ce moment-là, l'emploi te permet pas de vivre dignement . » Des participantes ont aussi partagé le manque d’adaptation entre la volonté des personnes et les exigences nécessaires à l’emploi : « Des fois, nous autres, on veut y aller, on veut, on veut l'occuper le poste qui est disponible mais on dirait que le travail nous veut pas. » Surtout, les expériences de vie qui ont mené ou gardé les personnes dans la pauvreté ne disparaissent pas du jour au lendemain : « on peut avoir vraiment de la volonté de travailler mais quelques fois les problématiques de vie sont plus profondes que juste l’envie de travailler et puis le programme aidé, il va pas suffire pour s'en sortir. »
Ce ne seront donc pas tous les emplois qui permettront de sortir de la pauvreté et de permettre une vie digne. Avec l’impératif du retour au travail, c’est aussi celui de la qualité du travail offert qui devrait être considéré. (Les citations proviennent des UPQM de mars 2022, décembre 2022 et mars 2023 ) |