Comment la société regarde la femme ?
Maya Aoun, volontaire

Au Liban, chaque nouveau-né doit être inscrit à l’État civil par son père. Quand le père est « absent », c’est la mère qui l’inscrit, avec son nom. Elle pourrait inscrire « père inconnu », mais les fonctionnaires vont faire une enquête pour confirmer qu’il est bel et bien inconnu. C’est une humiliation et une manière de bafouer les Droits des femmes.

Quand j’étais au Liban, Zeina* est venue nous voir car elle subissait une injustice. L’école lui a réclamé un papier d’identité à jour pour son fils. Elle s’est rendu dans son village d’origine, comme la loi le demande. L’employé de la mairie l’a insultée quand il a découvert que Zeina a eu son enfant sans être mariée. Il lui a remis le papier d’identité avec une note à la main, à côté du nom du père, disant qu'il s'agit d'un faux nom, comme si l’enfant n’a pas de père.

Zeina est venue nous montrer le papier d’identité. Elle était humiliée et en colère. Elle a refusé de remettre ce papier à l'école parce qu’il insultait son fils. Elle a insisté pour trouver une solution, avec nous.

J’ai vérifié auprès d’une association de défense des droits si une telle note est légale. Non. Il n’avait pas le droit de faire cela. J’ai accompagné Zeina dans son village pour que la Mairie refasse les papiers d’identité.Nous avons trouvé un autre homme au guichet. Zeina, malgré sa gêne et sa crainte, a exigé un nouveau papier sans aucun commentaire sur le du père car, dit-elle, c'est interdit par la loi. Nous avions imprimé et emporté avec nous l’article de loi.

Zeina a finalement reçu un nouveau papier d’identité pour son fils. Elle en est très fière. C’était pour elle une victoire. Nous n’avions pas perdu espoir.

C’est un combat à tous les jours de répondre à mes besoins. Premièrement, je dois faire attention à mon argent pour payer mon loyer. Ensuite, je dois payer mes deux comptes Vidéotron et l’électricité. Finalement, je vais à l’épicerie faire un peu de commande. Arrivée à la fin du mois, je vais à la banque alimentaire : j’ai pas le choix !

Aujourd’hui, heureusement je ne paye plus ma passe d’autobus, parce que je viens d’avoir 65 ans. Je trouve ma force et mon énergie à la Jarnigoine (Centre d’alphabétisation pour apprendre à lire et écrire) et aussi mon amie Brigitte m’a donné un bon coup pouce.
Maintenant, j’ai l’énergie de continuer mieux dans ma vie de tous les jours.

Quand j’étais à l’aide sociale, j’ai eu des problèmes d’argent. À tous les mois, j’empruntais de l’argent pour mieux manger.Je ne pouvais plus sortir de la maison pour faire des activités.

Pourtant, quand je travaillais, je jouais dans une équipe de bowling. J’aimais beaucoup l’atmosphère, le monde et mon équipe. Après, je ne pouvais plus aller au bowling, ni aller au cinéma. Je ne pouvais pas aller voir mon amie, parce que je ne pouvais pas prendre l’autobus, par manque d’argent.

En 2023, j’ai reçu ma pension, je vis mieux. Aujourd’hui, je peux sortir un peu plus.Quand j’ai commencé le théâtre-forum au Quart Monde, j’ai pratiqué et j’ai joué l’injustice à l’aide sociale. Mon personnage était dur et injuste envers les autres, mais jouer était agréable. C’était ma première fois que je jouais dans une pièce de théâtre et je recommencerais n’importe quand. J’ai adoré cela. Et j’ai réussi!