J’étais excitée à l’idée de co-animer, pour la première fois, un groupe de préparation de militant.e.s d’Université populaire avec Brigitte. J’y allais le cœur léger. Pourtant, le thème ne l’était pas : Rupture familiale et pauvreté. Si j’étais surprise de la difficulté à aborder les questions, Brigitte, elle, ne l’était pas. Elle savait que le sujet réveillerait des souvenirs bouleversants, des traumas. Les cœurs se sont ouverts durant pas moins de cinq heures. Les pauses étaient longues et nécessaires. Dans la bienveillance qui régnait, nous avons décidé d’arrêter de répondre aux questions pour prendre soin les uns des autres. Mon étonnement face à la tournure des évènements révèle mon ignorance. Cette ignorance, je l’accueille. Elle m’oblige à écouter toujours plus celles et ceux qui savent. Accepter cette posture d’ignorante, c’est devenir alliée. Alliée au combat contre la misère que mènent celles et ceux qui la vivent. Je peux alors utiliser mes privilèges pour faire rayonner la voix des personnes qu’on n’écoute pas assez, pourtant vraies expertes de la pauvreté. ATD me permet d’aller à la rencontre des personnes les plus exclues, de questionner mon engagement tout en restant entourée. Avec ATD, je peux travailler cette sensibilité, celle de ne pas prendre les devants d’un combat qui ne m’appartient pas, mais de le soutenir. Cette sensibilité, je l’emmène partout avec moi. Elle influence mes discussions en famille ou au travail, mon regard sur le monde, mes lectures… Et chaque jour, elle évolue. |