La Commission sur le développement social, qui a lieu à chaque année, représente une occasion importante de faire entendre les voix des plus pauvres aux Nations Unies (ONU). Le Mouvement ATD Quart Monde y est reconnu pour les prises de parole influentes que font les militants. Cette année, le thème était : « L’impact des technologies digitales sur le bien-être de tous ». Monica Jahangir, représentante d’ATD à l'ONU, et moi, nous avons préparé la participation du Mouvement à cette Commission. Lors de l’un des forums, Taliah Drayak, militante d’un réseau de parents à Londres et amie du Mouvement, a pris la parole pour montrer que les difficultés auxquelles font face les familles vivant l'extrême pauvreté au Royaume-Uni sont accrues par la numérisation rapide des services sociaux qui a accompagné la pandémie. Elle a rappelé aux États Membres de l’ONU que « même des politiques et des lois bien conçues perdent leur sens si les personnes en situation de pauvreté n'ont pas accès aux outils permettant de les mettre en œuvre ». Taliah a exposé l’exemple des injustices que vivent les familles lors de procès virtuels pour la garde et le placement d’enfants. Ce sujet a été creusé davantage lors du webinaire organisé par ATD pendant la Commission. Tammy Mayes, militante à Londres et Esther Rodriquez, militante au Nouveau Mexique, ont dialogué avec des professeurs en politiques et technologies, et avec le représentant de la Corée du Sud. Sur le sujet des procès familiaux virtuels, Tammy a été catégorique: wifi instable, impossibilité de poser des questions, manque de confidentialité… les injustices d’un système de placement familial déjà tourné contre les familles sont multipliées par les barrières technologiques. De tous les débats auxquels j’ai assisté pendant la Commission, celui-ci a été de loin le plus marquant, et m’a permis de vraiment réaliser l’importance de notre plaidoyer dans le monde des institutions internationales. La présence des militants est une force inestimable, car elle oblige leurs interlocuteurs, habitués de l’ONU, à rester ancrés dans la réalité, et contribue à changer leurs perspectives sur le monde. Suraiya Foss-Phillips |